Pourquoi Grain de Sâ est opposé au projet d’usine de méthanisation « Méthasânon » ? :

Sur le territoire du Sânon, nous sommes confrontés à un projet d’envergure industrielle à l’entrée de la commune de Bauzemont, petit village rural préservé, ses bocages, son ruisseau, sa piste cyclable (financée avec l’appui de l’Europe). Un paysage, une biodiversité et une tranquillité menacés par un projet de méthaniseur regroupant 22 agriculteurs dont aucun ne réside sur la commune. Il s’agit ici d’une véritable usine de plus de 10 mètres de haut sur un site de 3 hectares soit l’équivalent du Cora de Lunéville (ensemble du magasin + la moitié du parking) en pleine campagne à proximité des habitations. Chaque dôme représenterait un bâtiment de la taille d’un gymnase (environ 40 mètres de long) et il y en aura 3, sans compter le bâtiment de stockage !

Par ailleurs, nous avons identifiés de nombreuses sources d’inquiétude qui à ce jour n’ont pu être démenties par les porteurs de projet :

–          dangers : risque de fuites, déversements, explosions, incendies, … ;

–          nuisances visuelles : usine véritable verrue paysagère avec ses dômes, à proximité  de jardins et d’étangs, de la RD2  et visible depuis la la voie verte, du canal;

–          nuisances olfactives et auditives : odeurs nauséabondes pour les communes toutes proches et celles traversées par les convois, trafic routier augmenté (phase travaux et phase alimentation) ;

–          nuisances sanitaires et environnementales : risque de développement de bactéries dans le digestat et prolifération de nuisibles, épandage du digestat (risque de pollution pour les nappes phréatiques et les cours d’eau, d’atteinte à la flore, à la biodiversité selon les matières digérées (pesticides, engrais, antibiotiques…)) ;

–          nuisances économiques : dévalorisation des maisons et des terrains, répercutions sur le tourisme.

Nous sommes d’autant plus inquiets que des usines de méthanisation sont déjà exploitées en France et nombreuses sont celles qui rencontrent des difficultés (notamment les plus grosses installations) : odeurs nauséabondes (Marnay), explosions (incident technique à la société Valdis qui a entraîné une déchirure partielle de la membrane du post-digesteur), problèmes d’étanchéité, fuite des cuves (usine d’Issé en 2017), difficultés financières incitant à nourrir le méthanisateur avec d’autres ressources (plus de maïs, boues d’épurations, déchets ménagers,…).

Nous ne sommes pas opposés à la méthanisation en tant que telle mais nous tirons la sonnette d’alarme : pour être de vrais outils de la transition énergétique, les méthaniseurs doivent être envisagés à l’échelle de la ferme, de petite taille, destiné à accueillir uniquement les effluents produits directement sur place. Ils ne sauraient devenir des énormes usines dangereuses, odorantes, consommatrices de denrées agricoles détournées de leur utilisation. Nous déplorons donc un bouleversement de la pratique agricole et un détournement des terres : on ne cultive plus pour nourrir mais pour fabriquer de l’énergie repeinte en vert pour l’occasion (chaque année, ce serait 180 ha de maïs qui seraient cultivés uniquement pour alimenter le méthaniseur).

Par ailleurs, passionnés d’histoire locale et défenseurs des lieux de mémoire, nous déplorons que le projet se situe à proximité du château de Bauzemont (vestiges médiévaux et admirable château du XVIIIe).